Jour 83 – Notre-Dame-des-Landes, une nuit à la ZAD

Au début de mon voyage j’avais dans l’idée de laisser le hasard faire les choses, et de choisir les endroits où je passe mes nuits au gré de mes rencontres. J’avais néanmoins trois objectifs, trois endroits où je désirais me rendre. Le premier c’est le Palais Idéal du Facteur Cheval, dont je trouve l’histoire fascinante et terriblement romanesque. Les deux autres, je désirais y aller pour des raisons bien différentes. La Jungle de Calais et Notre-Dame-des-Landes sont des lieux dont tout le monde parle mais que personne ne connaît. Montrés du doigt pour illustrer une certaine défaillance de l’état, une certaine idée de la France qui part à vau-l’eau. Alors je voulais me faire mon avis, voir de mes propres yeux ce qu’il se tramait là-bas.

Nantes m’a servi de base pour organiser ma venue à Notre-Dame-des-Landes. J’ai pu m’y reposer un peu chez mon amie Élise, que je n’avais pas vue depuis des lustres et qui m’a présenté sa famille. C’est un autre aspect agréable de cette aventure, de retrouver de vieux amis et de sentir que rien n’a changé.

Sur les conseils avisés de Morgan, j’ai commencé par me rendre à Saint-Jean-du-Tertre pour me présenter et exposer mon projet. La route traverse de jolis paysages assez bucoliques, jusqu’à un point où elle est obstruée par des barricades marquant l’entrée de la ZAD (Zone À Défendre). Rien de franchement rassurant.

IMG_1824            IMG_1825

IMG_1830La route des barricades

La ZAD est organisée en une bonne douzaine de collectifs ; Saint-Jean-du-Tertre est l’un d’entre eux. Il n’y a pas grand monde de disponible, la fille à l’accueil m’explique que  la plupart du collectif est occupé à préparer la manifestation du lendemain, contre la loi El Khomri à Nantes.

Les choses sont difficiles à appréhender, ici. La fille essaye de m’expliquer les liens entre les différents collectifs mais l’organisation semble assez tentaculaire. Elle m’offre un ZAD-News, journal hebdomadaire qui relate les dernières nouvelles de la zone et sert à fédérer les collectifs. Première surprise : dans l’agenda de la semaine, au milieu d’assemblées générales et d’activités agricoles (introduction à la permaculture), se cachent des choses plus improbables, comme la répétition de la chorale de Notre-Dame-des-Landes.

La fille me conseille de me rendre le lendemain à la ferme de Bellevue. Là, les membres du collectif ne seront pas à la manif, et un dortoir est prévu pour accueillir les visiteurs de passage. Je prends la petite carte de la zone qu’elle me tend et la remercie. En rentrant à Nantes, je croise le bus servant à émettre Radio Klaxon, la radio de la ZAD. Tout ce microcosme semble très bien organisé.

IMG_1822Le bus abritant Radio Klaxon, la radio de la ZAD

Le lendemain j’arrive à Bellevue comme convenu. De petits groupes s’affairent, qui à la traite, qui au jardin. Deux garçons discutent dans un petit salon et m’invitent à m’asseoir à côté d’eux. Cédric attend sa copine qui prend sa douche, et me convie après deux minutes de discussion à dormir à Chat-Teigne, son collectif.

Pour lui, la politique est secondaire ; il est avant tout venu ici pour vivre en communauté, dans la nature. Il m’explique qu’à la ZAD, la lutte contre l’aéroport est certes importante, mais que l’objectif premier est désormais de montrer qu’une autre forme de société est possible. Cédric n’a aucun revenu, ne dépense presque rien, mais partira tout de même durant l’été pour travailler à Ibiza, avant de revenir à l’automne.

IMG_1834Des postes de guet sont placés au sommet des arbres

Après le retour de sa copine Irene, une jolie espagnole d’une vingtaine d’années, on part rejoindre le camp situé à une dizaine de minutes de marche. On traverse trois champs, au milieu des vaches et des oiseaux. Les piaillements sont omniprésents, et l’on comprend aisément l’intérêt écologique du lieu. On comprend également qu’à partir de l’automne, le même chemin sera cerné par la boue : tout du long, de petits pontons ont été érigés pour rester au maximum les pieds au sec. Cédric me confirme qu’il y a encore quinze jours, on s’enfonçait jusqu’au genou en certains endroits.

On arrive au camp, formé de deux groupements de cabanes de bois. Le premier est constitué des locaux communs, cuisine et petit bar, ainsi que de quelques chambres.

IMG_20160429_164631Les locaux collectifs de Chat-Teigne

Dans le second on trouve le logement de Cédric et Irene, où je dormirai ce soir, et celui de leurs amis espagnols. Si le premier est plutôt propre et bien aménagé, celui des espagnols est noyé dans la crasse. Pas grand chose ici pour casser le cliché du punk à chien véhiculé par les medias.

IMG_1821Les cabanes de Chat-Teignes

Un départ est prévu au Super U le plus proche, pour faire la récup. Par récup, comprendre récupérer les invendus dans les poubelles du supermarché. On prend le camion des Espagnols, et pendant qu’ils commencent leur collecte je passe par l’entrée des clients leur offrir un pack de bières. Le contraste est assez saisissant entre l’univers aseptisé du grand magasin, les costumes fuchsia des vendeuses, et l’intérieur du camion qui sentait le chien mouillé.

Je rejoins ensuite mes nouveaux amis à l’arrière du supermarché. Ils déballent soigneusement les emballages, regardent les dates de péremption des aliments. Un cri de joie accompagne chaque trouvaille, ici quatre tranches de saumon, là une jolie mousse de fruits pour huit personnes. Au total plusieurs kilos de nourriture ; on embarque même un bouquet de fleurs qui traînait là.

Après cela, il faut faire le plein. Ça va être mon bizutage. Les zadistes se méfient des journalistes, et même s’ils semblaient faire confiance à ma bonne mine jusque là, il va me falloir faire mes preuves. On me donne un bidon vide, je dois aller quémander un peu d’essence à chaque personne qui fait son plein. Les espagnols ont un verbe pour ça, “rumanear”, littéralement “faire le Roumain”.

Je reviens bredouille, mais j’ai gagné leur confiance. Cédric prend le relai, je lui conseille d’utiliser le bouquet de fleurs pour amadouer les automobilistes. Cinq minutes plus tard, il est de retour avec dix litres d’essence, ça suffira pour aujourd’hui. On repart joyeusement en ouvrant quelques bouteilles de bière. Un obscur responsable marketing a décidé d’inscrire des noms de ville au dos de chaque bouteille, moi je tombe sur Anglet.

IMG_20160428_200957Le hasard fait bien les choses

Deux nouveaux venus nous attendent au camp. Maël est la personne la plus intéressante que je rencontrerai à la ZAD. Il a quatorze ans, est en troisième professionnelle et souhaite devenir agriculteur. Il est contre la propriété privée et souhaite venir vivre ici plus tard. Alors il a profité des vacances scolaires pour passer une semaine ici, et se faire son opinion. Il a déjà circulé dans tous les collectifs en compagnie de sa mère, qui l’accompagne. Il vient d’arriver à Chat-Teigne mais n’aime pas trop le camp, et n’hésite pas à le dire à la cantonade. Trop punk à chien, trop sale, trop cliché. Plus tard, lui ne voudra pas du RSA, il ne souhaite pas que des gens travaillent à sa place, il veut juste viser une autonomie alimentaire et vendre son surplus pour payer ses charges.

IMG_1798Cédric prépare le feu de camp

On allume le feu de camp pour préparer le repas du soir, d’autres zadistes nous rejoignent après avoir passé toute la journée à Nantes. Ils semblent tendus, des affrontements ont émaillé les manifestations. Quelques bières et le festin que nous avons préparé parviennent cependant à ramener calme et bonne humeur dans le camp.

IMG_1818Maël souffle sur les braises pour qu’elles prennent

Après le repas chacun regagne sa cabane, nous allons nous réchauffer avant la nuit auprès du poêle qu’a construit Cédric. Je demande à Maël s’il serait d’accord pour me faire visiter le reste de la ZAD le lendemain, ou en tout cas pour me montrer les endroits qu’il a préférés. Il demande d’abord l’autorisation à sa mère, puis me dit qu’il le fera avec plaisir après avoir terminé ses devoirs d’anglais.

IMG_1812Cédric, Irene et Maël au coin du poêle

Le lendemain je suis réveillé par une violente secousse. Non, ce n’est pas une réplique du tremblement de terre qui a ébranlé La Rochelle hier, mais bien un coït matinal qui se trame à quelques mètres de moi. Les limites de la vie en communauté…

Après un petit-déjeuner sommaire et les devoirs d’anglais, nous partons comme prévu avec Maël à la découverte du camp. Nous passons tout d’abord devant le Non-Marché. Là, tous les lundis et tous les vendredis, la production agricole de la ZAD est vendue à prix libre : chacun peut se servir en mettant – ou non – quelques pièces en échange.

IMG_1833Le Non-Marché, où tout ce qui est produit sur la ZAD est vendu à prix libre

Ensuite nous allons à la rencontre de deux autres collectifs. Ça jardine, ça discute politique. Tout ce petit monde est farouchement utopique, mais a une vraie réflexion sur notre société de consommation. Je n’ai pas forcément le temps d’approfondir et de me lancer dans de grands débats, car je dois bientôt repartir. Mais je sens des gens ouverts, tolérants et cultivés. C’est ce que je cherchais en venant ici, et je l’ai trouvé grâce à un gamin de quatorze ans.

 

Jour 73 – Le village troglodytique

Les gens qui vivent ici, ils n’ont pas forcément envie d’être pris en photo, m’explique la jolie Marianne autour de l’âtre de la cheminée. C’est sa façon à elle de me dire que je peux oublier ma caméra pour ce soir. Marianne, elle est arrivée au village troglodytique il y a deux ans et demi, justement pour faire un reportage photo. Elle n’en est jamais repartie.

IMG_20160402_152045_1L’entrée du village

******

DEUX JOURS PLUS TÔT

Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours imaginé Tours comme une ville grise et froide. En fait c’est tout le contraire, elle est bouillonnante, pleine de vie et plutôt jolie. Exactement comme Leslie ; cette étudiante me donne rendez-vous dans le centre historique, devant un pub où elle a organisé une réunion Couchsurfing. Une vingtaine de personnes sont là, certaines ne se connaissent pas, l’ambiance est animée et bon-enfant. En rentrant on parle jusqu’à trois heures du matin, pour extraire tout le suc de notre brève rencontre. Le lendemain matin le réveil pique un peu, on s’embrasse, on se fixe un rendez-vous hypothétique à Bayonne cet été.

J’ai ensuite rendez-vous à La Flèche avec Estelle. Elle a prévu d’aller grossir les rangs du défilé contre la loi El Khomri, je me joins à elle. Estelle est de toutes les luttes, s’engage aux côtés des Faucheurs Volontaires ou des Zadistes de Notre-Dame-des-Landes. Après la manif on rentre chez elle, à quelques kilomètres de là. Elle me présente Ken, son compagnon, un musicien ténébreux qui m’accueille chaleureusement. C’est dans la soirée qu’ils vont me parler du village troglodytique, situé à une demi-heure de voiture. Le nom du village – je me suis engagé à ne pas le divulguer – ne m’est pas inconnu : Marion, à Saint-Germain-la-Chambotte, m’avait parlé de son expérience là-bas et m’avait vivement recommandé d’aller y faire un tour.

C’est donc en compagnie d’Estelle que je fais route vers le village, le lendemain. Elle n’y a encore jamais mis les pieds mais Joachim, l’un de ses meilleurs amis, vit là-bas. Il n’y a pas vraiment d’entrée, juste un petit panneau avec un nom peint en grosses lettres noires.

IMG_20160402_151519_1Demeures troglodytiques

Deux personnes boivent un verre de vin autour d’une table en bois, profitant d’un rayon de soleil qui transperce la grisaille. Ils nous saluent cordialement sans poser trop de questions : on sent qu’ils sont habitués à recevoir la visite d’étrangers. Et on sent également qu’ici, on ne pose pas trop de questions.

IMG_20160402_151055Certaines maisons ne sont pas creusées dans la roche
IMG_20160402_150720“Histoire de Sans Papier” : lu sur les toilettes

On retrouve Joachim accompagné d’autres visiteurs d’un soir, et nous sommes tous invités à dîner dans la cuisine commune. Seule une grosse moitié du collectif est présent au village ce soir, ils n’ont pas l’air mécontents que nous mettions un peu d’animation dans leur quotidien. Tout le monde se met en branle pour préparer le repas, chacun semble avoir sa place, son utilité dans l’organisation collégiale.

PANO_20160402_153217La cuisine collective
IMG_20160402_153402_1Décoration murale

Le repas est simple mais très bon, les sourires francs et chaleureux. Surtout, il y a une incroyable galeries de gueules réunies autour de la grande cheminée. Il y a Cro-Magnon, sans doute surnommé ainsi à cause du collier de dents qui ne quitte pas son tour de cou. Y en a une pour chacune de mes victimes, il me dit avec un sourire intimidant. J’ai beau savoir qu’il plaisante, je ne fais pas le fier. À côté de lui, le type qui buvait un verre de vin tout à l’heure regarde son godet comme il regarderait une femme en train de se déshabiller, avec un peu de tendresse et beaucoup de désir. Il travaille dans les vignes, mais ne demande pas grand-chose pour ça, à peine une bouteille de l’heure. Massoud l’observe faire son numéro en souriant ; Massoud, c’est un colosse habillé en treillis militaire, à la dégaine punk un peu inquiétante, mais qui t’embrasse comme du bon pain alors qu’il te voit pour la première fois. Et puis y a Marianne.

PANO_20160402_151751Entrée interdite

Marianne est journaliste. Elle est donc arrivée ici pour faire un reportage photo ; mais avant de pouvoir dégainer son appareil, il a fallu qu’elle fasse ses preuves. Qu’elle s’intègre au camp. Qu’elle apprivoise le collectif. C’est un collectif et pas une communauté, elle m’explique, car dans une communauté il y a un idéal religieux ou politique. Ici toutes les opinions, toutes les croyances sont respectées. Tu n’as aucune obligation à part la petite cotisation qui sert à payer l’électricité, mais il est préférable de donner un coup de main pour s’intégrer plus facilement. Il est possible de s’occuper du potager, du poulailler ou de la friperie, de retaper les demeures troglodytiques qui ne sont pas encore habitables, ou encore d’aller s’occuper de la récup en négociant les invendus aux supermarchés de la région.

IMG_20160402_151235_1Le poulailler
IMG_20160402_152308_1Habitations futures

Certains des habitants travaillent, d’autres touchent le RSA, d’autres enfin n’ont aucun revenu. Mais la plupart des gens ne s’installent pas sur la durée, dans le village. Beaucoup restent quelques années avant de rejoindre un autre collectif, ou de fonder le leur. Marianne ne sait pas trop m’expliquer pourquoi, c’est comme ça, c’est tout.

Elle me conduit dans ma chambre, “la Spéciale”, un dortoir commun où logent les nouveaux arrivants avant que ne se libère une habitation troglodytique.

PANO_20160402_004433“La Spéciale”

Ils peuvent rester plusieurs semaines, voire plusieurs mois à dormir ici, dans un confort plutôt sommaire. Marianne est tombée amoureuse de Joachim, et vit dans un camion avec lui en attendant qu’une place ne se libère, sans doute dans pas trop longtemps.

Elle me demande de ne pas émettre d’avis trop tranché dans mon billet, de ne pas écrire qu’ici c’est le paradis sur terre. Il y a des bons et des mauvais côtés, tout n’est pas toujours rose. Moi, j’ai l’impression que les gens sont plutôt heureux ici. Elle prend l’adresse de mon blog. J’espère que mon billet lui plaira.

Jour 72 – Châteaux de la Loire et psychiatrie

Après quatre mois et demi de voyage, je me demande souvent quelle nouvelle aventure va bien pouvoir me tomber sur le coin de la gueule pour que je continue à animer ce blog, et à essayer de vous tenir en haleine. Que les choses soient claires : les complications, je ne les cherche pas. Elles arrivent par hasard, sauf que moi je crois pas au hasard. Bref. Après mon étape berruyère, j’avais décidé de longer tranquillement les châteaux de la Loire afin de ramener quelques photos – rien de bien original, quoi.

Je commence par Chambord et réussit l’exploit de crever devant l’entrée du parc. Pile à l’endroit interdit au stationnement. La maréchaussée me fait les gros yeux mais un type s’arrête gentiment pour me donner un coup de main. L’avantage, c’est qu’on n’a jamais eu une aussi jolie vue pour changer une roue, depuis l’invention de la roue. En partant il me demande d’écrire sur mon blog que dans le Loir-et-Cher les gens sont solidaires. Ce qui est donc fait.

IMG_1776Chambord

Le deuxième château, c’est Nezha et Lucile qui vont me le faire visiter. Et ce château-là, vous ne le connaissez pas. Nezha m’a accueilli un peu au dernier moment, après l’épisode de la crevaison. Elle était fatiguée mais a senti que j’étais en galère, alors elle s’est un peu forcée. Nezha et sa coloc Lucile sont infirmières à la clinique de la Borde. Dans le château de la Borde. Elles me proposent de me faire visiter tout cela le lendemain.

PANO_20160329_172147La clinique de la Borde

Ce que je ne savais pas, c’est que la Borde est réputée mondialement dans le domaine de la psychiatrie, car emblématique d’un courant appelé psychothérapie institutionnelle. En gros, il n’y a pas de signe distinctif entre les soignants – les “moniteurs” – et les soignés – les “pensionnaires”. Et ce dont j’allais vite me rendre compte, c’est qu’il n’est pas facile de distinguer les uns des autres. Chez les pensionnaires, il y a ceux chez qui la folie est discrète, presque cachée, et il y a ceux chez qui cela saute aux yeux. Le souci c’est que celui chez qui cela sautait le plus aux yeux, j’ai appris à la fin de la matinée que c’était le psychologue en chef.

L’après-midi c’est la réunion du “Club”, une espèce d’assemblée générale rassemblant indistinctement moniteurs et pensionnaires. Les propositions fusent pour améliorer les installations et le fonctionnement du centre. Après ça je donne un coup de main à Lucile, qui assure le service au bar (sans alcool). Je discute pendant vingt bonnes minutes avec un mec passionnant, le genre de type qu’on peut croiser au détour d’un zinc et avoir tout de suite envie de lui payer une mousse. Sauf qu’à la fin de la conversation, le mec me lâche qu’il est interné là depuis dix ans. Je n’avais même pas envisagé l’éventualité ; pour moi, c’était un soignant.

PANO_20160329_145749La réunion du Club

Tout cela m’a réellement perturbé : où est la frontière ? Pourquoi suis-je dehors, pourquoi sont-ils internés ? Est-ce que l’on peut basculer, passer du mauvais côté de la barrière ? J’ai l’impression que certaines personnes que je connais ont au moins autant de problèmes que le pensionnaire avec lequel j’ai discuté au bar. Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver pour passer dix ans de sa vie dans une clinique psychiatrique (même révolutionnaire) ?

Le lendemain, les châteaux de Chenonceau et d’Amboise me paraissent bien falots. J’ai encore en tête la journée de la veille, et les questionnements qu’elle a engendrés.

IMG_1782Chenonceau
IMG_1788Amboise