Jour 27 – Autocritique dans un palais

Voilà un mois que je suis parti. Je m’accorde une journée pour faire un peu le point en allant dormir chez une amie, à Lyon.

Avec vingt-sept articles en trente jours, je parviens à peu près à garder le rythme de l’article quotidien que je m’étais imposé. Malgré cela, sur le fond, une chose m’ennuie : si les vidéos que je réalise retranscrivent les paysages que je vois et les aventures que je vis, j’ai le sentiment que je n’arrive pas tout à fait à rendre compte de la richesse humaine de mes expériences. J’ai des journées chargées : je dois tourner, monter et mettre en ligne mes vidéos, gérer la logistique et me trouver un toit tous les soirs. Mais avant tout, mes journées sont faites de discussions passionnantes avec mes hôtes. Avec certains nous refaisons le monde ; d’autres préfèrent me parler de leur vie personnelle. Aucune conversation n’est banale, et surtout, aucune n’est semblable. C’est cela que je ne parviendrai jamais à retranscrire. C’est pourtant ce qu’il y a de plus précieux dans mon voyage.

À Lyon nous partons manger dans un bouchon, restaurant déclinant les grands classiques de la gastronomie lyonnaise : saucisson chaud à la sauce beaujolais, quenelle de brochet et tarte à la praline. Puis nous partons à une heure de là, à Hauterives. C’est ici que le facteur Cheval, en butant sur une pierre à l’âge de 43 ans, s’est souvenu d’un vieux rêve et a commencé à bâtir un palais. Une merveille d’art brut qu’il mit 33 ans à achever, seul. Les formes irréelles de sa façade, ses murs parsemés de sculptures improbables et ses escaliers qui ne donnent sur rien ont inspiré Dali et Picasso. À la sortie, une sculpture en anamorphose de Bernard Pras rend hommage au facteur autodidacte.