“Après la fermeture des chantiers navals, malgré la pression immobilière, la mairie avait décidé de laisser les nefs gigantesques à des artistes de rue plutôt qu’aux promoteurs.”
“Après la fermeture des chantiers navals, malgré la pression immobilière, la mairie avait décidé de laisser les nefs gigantesques à des artistes de rue plutôt qu’aux promoteurs.”
“Puis il entame une prière druidique, transmise oralement de génération en génération. Des druides comme lui, il y en a cinq cents en Bretagne, environ un millier en France, et deux millions dans le monde.”
“Puis direction Vannes pour Tradi’Deiz, le plus gros rassemblement de danse traditionnelle en Bretagne. Plus de 1600 danseurs sont venus concourir, chacun espérant faire triompher son village.”
“Aller jusqu’en Bretagne pour écouter du Tiersen joué par une californienne, voilà qui n’est pas banal (…) Sur la presqu’île de Crozon, Philippe me propose une formidable balade pour me montrer le littoral finistérien.”
Les gens qui vivent ici, ils n’ont pas forcément envie d’être pris en photo, m’explique la jolie Marianne autour de l’âtre de la cheminée. C’est sa façon à elle de me dire que je peux oublier ma caméra pour ce soir. Marianne, elle est arrivée au village troglodytique il y a deux ans et demi, justement pour faire un reportage photo. Elle n’en est jamais repartie.
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DEUX JOURS PLUS TÔT
Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours imaginé Tours comme une ville grise et froide. En fait c’est tout le contraire, elle est bouillonnante, pleine de vie et plutôt jolie. Exactement comme Leslie ; cette étudiante me donne rendez-vous dans le centre historique, devant un pub où elle a organisé une réunion Couchsurfing. Une vingtaine de personnes sont là, certaines ne se connaissent pas, l’ambiance est animée et bon-enfant. En rentrant on parle jusqu’à trois heures du matin, pour extraire tout le suc de notre brève rencontre. Le lendemain matin le réveil pique un peu, on s’embrasse, on se fixe un rendez-vous hypothétique à Bayonne cet été.
J’ai ensuite rendez-vous à La Flèche avec Estelle. Elle a prévu d’aller grossir les rangs du défilé contre la loi El Khomri, je me joins à elle. Estelle est de toutes les luttes, s’engage aux côtés des Faucheurs Volontaires ou des Zadistes de Notre-Dame-des-Landes. Après la manif on rentre chez elle, à quelques kilomètres de là. Elle me présente Ken, son compagnon, un musicien ténébreux qui m’accueille chaleureusement. C’est dans la soirée qu’ils vont me parler du village troglodytique, situé à une demi-heure de voiture. Le nom du village – je me suis engagé à ne pas le divulguer – ne m’est pas inconnu : Marion, à Saint-Germain-la-Chambotte, m’avait parlé de son expérience là-bas et m’avait vivement recommandé d’aller y faire un tour.
C’est donc en compagnie d’Estelle que je fais route vers le village, le lendemain. Elle n’y a encore jamais mis les pieds mais Joachim, l’un de ses meilleurs amis, vit là-bas. Il n’y a pas vraiment d’entrée, juste un petit panneau avec un nom peint en grosses lettres noires.
Deux personnes boivent un verre de vin autour d’une table en bois, profitant d’un rayon de soleil qui transperce la grisaille. Ils nous saluent cordialement sans poser trop de questions : on sent qu’ils sont habitués à recevoir la visite d’étrangers. Et on sent également qu’ici, on ne pose pas trop de questions.
On retrouve Joachim accompagné d’autres visiteurs d’un soir, et nous sommes tous invités à dîner dans la cuisine commune. Seule une grosse moitié du collectif est présent au village ce soir, ils n’ont pas l’air mécontents que nous mettions un peu d’animation dans leur quotidien. Tout le monde se met en branle pour préparer le repas, chacun semble avoir sa place, son utilité dans l’organisation collégiale.
Le repas est simple mais très bon, les sourires francs et chaleureux. Surtout, il y a une incroyable galeries de gueules réunies autour de la grande cheminée. Il y a Cro-Magnon, sans doute surnommé ainsi à cause du collier de dents qui ne quitte pas son tour de cou. Y en a une pour chacune de mes victimes, il me dit avec un sourire intimidant. J’ai beau savoir qu’il plaisante, je ne fais pas le fier. À côté de lui, le type qui buvait un verre de vin tout à l’heure regarde son godet comme il regarderait une femme en train de se déshabiller, avec un peu de tendresse et beaucoup de désir. Il travaille dans les vignes, mais ne demande pas grand-chose pour ça, à peine une bouteille de l’heure. Massoud l’observe faire son numéro en souriant ; Massoud, c’est un colosse habillé en treillis militaire, à la dégaine punk un peu inquiétante, mais qui t’embrasse comme du bon pain alors qu’il te voit pour la première fois. Et puis y a Marianne.
Marianne est journaliste. Elle est donc arrivée ici pour faire un reportage photo ; mais avant de pouvoir dégainer son appareil, il a fallu qu’elle fasse ses preuves. Qu’elle s’intègre au camp. Qu’elle apprivoise le collectif. C’est un collectif et pas une communauté, elle m’explique, car dans une communauté il y a un idéal religieux ou politique. Ici toutes les opinions, toutes les croyances sont respectées. Tu n’as aucune obligation à part la petite cotisation qui sert à payer l’électricité, mais il est préférable de donner un coup de main pour s’intégrer plus facilement. Il est possible de s’occuper du potager, du poulailler ou de la friperie, de retaper les demeures troglodytiques qui ne sont pas encore habitables, ou encore d’aller s’occuper de la récup en négociant les invendus aux supermarchés de la région.
Certains des habitants travaillent, d’autres touchent le RSA, d’autres enfin n’ont aucun revenu. Mais la plupart des gens ne s’installent pas sur la durée, dans le village. Beaucoup restent quelques années avant de rejoindre un autre collectif, ou de fonder le leur. Marianne ne sait pas trop m’expliquer pourquoi, c’est comme ça, c’est tout.
Elle me conduit dans ma chambre, “la Spéciale”, un dortoir commun où logent les nouveaux arrivants avant que ne se libère une habitation troglodytique.
Ils peuvent rester plusieurs semaines, voire plusieurs mois à dormir ici, dans un confort plutôt sommaire. Marianne est tombée amoureuse de Joachim, et vit dans un camion avec lui en attendant qu’une place ne se libère, sans doute dans pas trop longtemps.
Elle me demande de ne pas émettre d’avis trop tranché dans mon billet, de ne pas écrire qu’ici c’est le paradis sur terre. Il y a des bons et des mauvais côtés, tout n’est pas toujours rose. Moi, j’ai l’impression que les gens sont plutôt heureux ici. Elle prend l’adresse de mon blog. J’espère que mon billet lui plaira.
“Puis direction les caves du centre-ville, où la jeunesse alternative se réunit pour des soirées-concerts déjantés.”
“En revenant, nous passons par Sainte-Fortunade. Au bord de la route, elle est là : cette maison semblable à toutes les autres, c’est la Croix d’Eure, qui a appartenu à mes grands-parents. J’y ai passé mes vacances de gosse, des jours heureux.”
“Durant notre visite, je reçois une alerte info sur mon portable. C’est moi qui dois annoncer aux bénévoles que la moitié de la Jungle sera rasée la semaine prochaine, par un gouvernement qui n’a plus de socialiste que le nom.”
“Tout a commencé quand Anne Delrez hérite des photos de son grand-oncle. Elle y découvre une fascinante vie de photos mises en parallèle avec celles de son grand amour.”
“Clément a rencontré Gabin dans un salon de la guitare, à Paris ; il est tombé amoureux d’un modèle pour le moins original.”