Mardi 15 décembre. Je suis arrivé à Valdeblore hier soir, à la tombée de la nuit. Ce ne fut pas facile de trouver la maison d’Alba, car ce sont en fait cinq Valdeblore différents qui sont disséminés dans les montagnes du Mercantour. Alba me donne rendez-vous au quatrième lacet en descendant de “la Bolline”, et me guide dans la pénombre vers une petite maison de pierre au charme rustique.
Nous faisons connaissance ; Alba passe actuellement un diplôme pour devenir guide de moyenne montagne. L’été, elle est bénévole pour Sea Shepherd, l’association de Paul Watson qui lutte pour protéger la diversité de la vie sous-marine. Elle part filmer dans l’Arctique des confrontations épiques avec les baleiniers japonais, et me raconte sa vie à bord avec enthousiasme et une pointe de désenchantement.
Aujourd’hui, elle m’a conseillé de partir découvrir les lacs des Millefonts. Cinq lacs sont implantés autour du Mont Pépoiri, à vingt kilomètres de là. Vingt kilomètres, ici, c’est quarante minutes de route, pas moins. La région semble préservée des attaques de la modernité. Déjà, l’avant-veille, Maxime m’avait amené dans un restaurant typique de la région : le beurre y est encore servi dans une motte de plusieurs kilos, que l’on place sur la table dans un seau de bois. À la fin du repas, c’était une bouteille de poire qu’on nous avait posée ainsi… sans nous prévenir qu’il ne s’agissait pas d’eau, ce qui nous a valu d’avaler de travers un verre copieusement rempli.
La balade est somptueuse, tout est immense. À l’arrivée, les lacs sont gelés et reflètent le soleil qui amorce sa descente. Quelqu’un a tracé une inscription dans la glace du plus lac le plus grand. Je décide de rester quelques jours de plus dans la région, afin de mieux m’imprégner de ses paysages grandioses.