“C’est vraiment pour lui faire plaisir. Chaque fois qu’il est venu sur nos chantiers, c’était en toute amitié ; c’est un tout petit renvoi d’ascenseur.”
(et pour les connaisseurs, il a fait un temps de Pauchon)
“C’est vraiment pour lui faire plaisir. Chaque fois qu’il est venu sur nos chantiers, c’était en toute amitié ; c’est un tout petit renvoi d’ascenseur.”
(et pour les connaisseurs, il a fait un temps de Pauchon)
Je reste donc quelques jours dans le Mercantour, et décide sur les conseils d’Alba d’aller me promener dans les environs de Rimplas, sur le sentier de la Couletta. La balade y est moins spectaculaire que celle de la veille : les paysages sont moins dégagés, l’immensité se fait moins ressentir. Les longs passages dans les forêts de pins dévoilent des arbres infestés de nids de chenilles processionnaires : cela rend le paysage étrangement onirique.
Plus tard, je croise quasiment par hasard Mélissa, qui m’accueillera la nuit suivante. Elle travaille dans la station de la Colmiane, quelques kilomètres plus haut, et me propose de passer la soirée en compagnie de l’ensemble des saisonniers. Manon, sa colocataire, me reconnaît instantanément : nous nous étions croisés la veille, autour des lacs des Millefonts.
Les gens me dévisagent avec bienveillance, le chef a à cœur de me faire goûter les spécialités du terroir : farcis niçois ou génépi. L’accueil montagnard est chaleureux et bourru, j’apprécie cette proximité tout en retenue.
Encore un jour ici, puis je retournerai dans la plaine à la recherche de nouveaux paysages, et de nouveaux visages.
Mardi 15 décembre. Je suis arrivé à Valdeblore hier soir, à la tombée de la nuit. Ce ne fut pas facile de trouver la maison d’Alba, car ce sont en fait cinq Valdeblore différents qui sont disséminés dans les montagnes du Mercantour. Alba me donne rendez-vous au quatrième lacet en descendant de “la Bolline”, et me guide dans la pénombre vers une petite maison de pierre au charme rustique.
Nous faisons connaissance ; Alba passe actuellement un diplôme pour devenir guide de moyenne montagne. L’été, elle est bénévole pour Sea Shepherd, l’association de Paul Watson qui lutte pour protéger la diversité de la vie sous-marine. Elle part filmer dans l’Arctique des confrontations épiques avec les baleiniers japonais, et me raconte sa vie à bord avec enthousiasme et une pointe de désenchantement.
Aujourd’hui, elle m’a conseillé de partir découvrir les lacs des Millefonts. Cinq lacs sont implantés autour du Mont Pépoiri, à vingt kilomètres de là. Vingt kilomètres, ici, c’est quarante minutes de route, pas moins. La région semble préservée des attaques de la modernité. Déjà, l’avant-veille, Maxime m’avait amené dans un restaurant typique de la région : le beurre y est encore servi dans une motte de plusieurs kilos, que l’on place sur la table dans un seau de bois. À la fin du repas, c’était une bouteille de poire qu’on nous avait posée ainsi… sans nous prévenir qu’il ne s’agissait pas d’eau, ce qui nous a valu d’avaler de travers un verre copieusement rempli.
La balade est somptueuse, tout est immense. À l’arrivée, les lacs sont gelés et reflètent le soleil qui amorce sa descente. Quelqu’un a tracé une inscription dans la glace du plus lac le plus grand. Je décide de rester quelques jours de plus dans la région, afin de mieux m’imprégner de ses paysages grandioses.
“Maxime tire une grive ; mais, peu après, m’informe que nous sommes perdus.”
“Un ermite vit ici, au milieu des montagnes rouges”.