“Aller jusqu’en Bretagne pour écouter du Tiersen joué par une californienne, voilà qui n’est pas banal (…) Sur la presqu’île de Crozon, Philippe me propose une formidable balade pour me montrer le littoral finistérien.”
“Aller jusqu’en Bretagne pour écouter du Tiersen joué par une californienne, voilà qui n’est pas banal (…) Sur la presqu’île de Crozon, Philippe me propose une formidable balade pour me montrer le littoral finistérien.”
“Edouard, lui, entreprend de me faire découvrir des goûts différents. Il compte relier à vélo l’Alaska à la Patagonie, en trois ans, et se prépare à la survie en se nourrissant exclusivement de plantes sauvages.”
“Des dizaines de micro-brasseries se créent actuellement en Bretagne. Ces deux-là me conduisent dans la leur.”
Dominique se plaît à dire qu’il est gardien de phare. En fait, il occupe la maison de ce dernier, et regarde la mer descendre, et monter…
Me voici donc à la moitié du chemin : cela fait désormais trois mois que je suis parti de Bayonne pour découvrir la France. Mes prochaines étapes guideront mes pas vers l’Île-de-France, puis la Bretagne. En attendant, je suis en Normandie depuis quelques jours. Le temps n’est pas au beau fixe, et j’ai un peu de mal à tomber sur de nouveaux sujets pour mes vidéos.
Malgré cela, globalement, je crois que je suis en train de trouver ce que j’étais parti chercher. Les gens qui m’ouvrent leur porte sont tolérants, ouverts, optimistes. Je parviens parfois à établir une connexion entre certaines de ces personnes grâce à ma chaîne de cadeaux. Mais l’autre jour, à Fresnay-le-Long, Bertrand s’est gentiment foutu de moi quand je lui ai dit que je cherchais à créer du lien. “Créer du lien, donner du sens, c’est des mots à la mode, ça”.
Comme cadeau pour la prochaine personne qui m’accueillerait, il a donné un petit échantillon de sa production : des pommes de terre bio, une bouteille de cidre fermier, de la confiture de cassis et du lin. Ces cadeaux sont donc arrivés à Rouen, dans les mains de Sophie et Thomas. Sophie, elle était avec moi en classe prépa. Voilà quinze ans que je ne l’avais pas vue ; elle m’a spontanément proposé de venir la voir lorsque j’ai démarré mon projet. Ce que je ne savais pas, c’est que Sophie travaille dans une association qui valorise la production agricole normande. Elle met en relation exploitations et entreprises, notamment dans le domaine… du lin. C’est promis, elle contactera prochainement Agnès et Bertrand pour essayer d’éviter que leur production ne parte en Chine. Depuis, Bertrand m’a envoyé un message pour reconnaître que créer du lien, ce n’était pas qu’une expression de journaleux.
Ensuite, c’est Benoît qui m’a accueilli, toujours à Rouen, et qui a reçu les présent de Sophie et Thomas : un assortiment de conserves qu’ils ont élaboré lors de récentes vacances en Dordogne. Benoît me réserve un accueil chaleureux : mon projet lui rappelle un voyage récent lors duquel il a relié Jérusalem à pied, dormant chaque soir chez des inconnus (il offrira d’ailleurs, pour les suivants, une bougie du Mémorial). Le lendemain, cap sur Étretat et ses falaises. Je choisis le chemin le plus court en coupant par un joli golf, pour arriver au dessus de l’Aiguille Creuse qui inspira Maurice Leblanc. La vue est superbe et vertigineuse. J’attendrai la tombée de la nuit de l’autre côté du village aux toits d’ardoise. Une petite chapelle y surplombe la plage.
Puis c’est Mimi, Charles et leur adorable petite Jade qui m’ouvrent leur porte à Grainville-la-Teinturière. Une raclette en guise de bienvenue et une dégustation des alcools du cru rendent la soirée très agréable. Ils me conseillent d’aller jeter un œil à l’église d’Yvetot, remarquable par son plan circulaire et sa couleur rose bonbon. Elle possède en outre un fabuleux vitrail de plus de 1000 mètres carrés, le plus grand d’Europe. J’aime bien les églises nouvelles et leur architecture audacieuse. Mais le lendemain, c’est tout le contraire que je vais découvrir : Kévin tient à me montrer le chêne d’Allouville, un arbre centenaire dans lequel est creusé une minuscule chapelle. L’endroit est un cauchemar pour les photographes : rien n’y est droit, et des câbles maintiennent les branches de tous côtés. Mais le lieu est insolite, à tel point qu’un film avec Jean Lefebvre et Bernard Menez porte son nom. La balade me permet de digérer les bières de la veille : Kévin habite au-dessus de son bar, et la soirée avait fini en concours de fléchettes improvisé et arrosé.
Pas de vidéo pour retracer cette période, donc, mais quelques photos illustrant ma balade normande.
“La chaîne de cadeaux continue, au fil de mes rencontres aléatoires. Il y a les gourmands, comme Sophie. Les buveurs, comme Maxime…”
“Durant notre visite, je reçois une alerte info sur mon portable. C’est moi qui dois annoncer aux bénévoles que la moitié de la Jungle sera rasée la semaine prochaine, par un gouvernement qui n’a plus de socialiste que le nom.”
“Tous ou presque battent pavillon des Îles Vierges, de Grenade…”
Mardi soir je passe la nuit à Aix-en-Provence, chez Morgane. Elle est passionnée d’histoire, termine une thèse sur le droit dans la Rome Antique, et passe une bonne partie de ses journées à traduire en Français des textes de loi latins. C’est la guide idéale pour me faire visiter Aix, ville romaine par excellence. Elle me fait remarquer chaque détail : l’ancienne maison close de la ville et ses balcons de forme phallique ; les figurines religieuses placées à l’entrée des rues pour protéger la ville de la peste ; les maisons bâties dans le rempart, pour économiser la construction d’un mur.
Elle me conseille ensuite d’aller admirer la montagne Sainte-Victoire, immortalisée par Cézanne. Depuis le barrage de Bimont, la vue est splendide et le paysage, vertigineux. Mais entre Aix la Romaine et Marseille la Grecque, entre Aix la bourgeoise et Marseille la populaire, mon cœur a fait son choix.
Je devais retourner dans les quartiers Nord de la cité phocéenne. J’avais trouvé une manière originale d’aborder ces quartiers sensibles, à travers une ferme pédagogique qui y a ouvert ses portes pour sensibiliser les jeunes des cités au monde paysan. Hélas Marie, qui était censée m’accueillir, est malade et me fait faux bond. Je décide donc de partir me promener, et de découvrir les célèbres calanques marseillaises. Des roches calcaires à perte de vue forment de petites criques à l’eau turquoise. L’espace d’un instant, je ne regrette pas les chèvres de Marie.
“Marseille est telle que je l’espérais : métissée, bordélique, colorée, sale et vibrante.”