Jour 19 – Aix / Marseille, balades croisées

Mardi soir je passe la nuit à Aix-en-Provence, chez Morgane. Elle est passionnée d’histoire, termine une thèse sur le droit dans la Rome Antique, et passe une bonne partie de ses journées à traduire en Français des textes de loi latins. C’est la guide idéale pour me faire visiter Aix, ville romaine par excellence. Elle me fait remarquer chaque détail : l’ancienne maison close de la ville et ses balcons de forme phallique ; les figurines religieuses placées à l’entrée des rues pour protéger la ville de la peste ; les maisons bâties dans le rempart, pour économiser la construction d’un mur.

Elle me conseille ensuite d’aller admirer la montagne Sainte-Victoire, immortalisée par Cézanne. Depuis le barrage de Bimont, la vue est splendide et le paysage, vertigineux. Mais entre Aix la Romaine et Marseille la Grecque, entre Aix la bourgeoise et Marseille la populaire, mon cœur a fait son choix.

Je devais retourner dans les quartiers Nord de la cité phocéenne. J’avais trouvé une manière originale d’aborder ces quartiers sensibles, à travers une ferme pédagogique qui y a ouvert ses portes pour sensibiliser les jeunes des cités au monde paysan. Hélas Marie, qui était censée m’accueillir, est malade et me fait faux bond. Je décide donc de partir me promener, et de découvrir les célèbres calanques marseillaises. Des roches calcaires à perte de vue forment de petites criques à l’eau turquoise. L’espace d’un instant, je ne regrette pas les chèvres de Marie.

Jour 14 – À la recherche du pont du Gard

Mercredi 2 décembre. Je me réveille à Saint-Martin-de-Valgalgues, un village proche d’Alès. Claire et Manu m’y ont accueilli dans leur coquette maison de campagne. Lui est instituteur en zone difficile, comme on dit pudiquement ; elle est bénévole dans un centre Emmaüs en attendant de trouver un job dans le secteur social. En prenant le petit-déjeuner nous entendons la radio égrener les derniers rebondissements de l’affaire Valbuena, et râlons contre la vacuité des médias.
 
Hier j’ai accompagné Claire à son cours de flamenco, puis nous avons passé la soirée à jouer à des jeux de société : Manu pratique les échecs à bon niveau, c’est d’ailleurs dans son club qu’il a https://buycbdproducts.com Claire. Avant tout cela j’avais partagé un thé avec Dimitri, animateur radio et militant contre l’homophobie. J’aime entrer dans l’univers de chacune de ces personnes, tous si différents, tous si éloignés du mien.
 
Après avoir pris congé de mes hôtes je mets le cap sur Avignon, ma prochaine destination. En chemin, j’ai prévu de m’arrêter faire une halte pour prendre quelques photos du pont du Gard, un monument qui a beaucoup hanté mon imagination. Mais tous les accès semblent payants : 10€ l’entrée, musée inclus. À l’heure où l’on dit que nous devons lutter contre la barbarie grâce à l’art et à la culture, je trouve étrange de privatiser ainsi un pan aussi important de notre patrimoine. Alors je décide de ne pas payer, et de faire avec les moyens du bord. Je repère sur mon GPS un petit chemin serpentant non loin du pont, et après un long détour j’engage ma Twingo sur le passage caillouteux. J’y vais à tâtons, reviens parfois en arrière ; mais quelques demi-tours plus loin, je semble approcher du but. Je me gare à côté d’un container couvert de tags, et commence à descendre sur un chemin entouré d’oliviers.
 
C’est parfaitement ridicule, mais j’ai l’impression de remonter vers la source du Nil alors que je suis bêtement en train de gruger l’entrée d’un monument historique en Languedoc-Roussillon. Enfin, je touche au but. Mes atermoiements auront tout de même eu le mérite de me faire arriver pour le coucher du soleil, et de donner ainsi un charme supplémentaire à ces photos.